Corps

À vous 2

J’ai de la difficulté à trouver les mots, j’ai pensé que vous écrire aiderait au processus d’acceptation. De guérison. 

À vous, mes 2 seins que j’ai portés 42 ans.

Faut dire que notre histoire a débuté de façon assez drastique en plein cœur de mon adolescence. De pantoute à toute, en l’espace d’un été, vous avez fait votre entrée de façon remarquée.

Allo, on est là! Passant de A à D, vous avez grossi à vue d’œil! Ce sont plutôt les vergetures que vous aviez laissées au passage qui m’ont traumatisée.  Adolescente d’hier, la mode n’étant pas au hoodie XL, n’étant pas très à l’aise, j’ai porté des tops sport ultras serrés pour vous écraser. Vous étouffer. La féminité que vous dégagiez ne faisait pas partie de mes priorités.

La chance a été que mon premier amoureux vous a aimés, vous a désirés. Ce qui m’a permis de finalement vous apprécier.

L’adolescence et ses hormones ont passé, mon corps s’est placé. J’ai commencé à être à l’aise de vous regarder. De vous crémer. De vous aimer. D’ailleurs, vous m’avez accompagnée pendant mes 8 ans comme bartendresse en étant cachés.  Je ne vous ai jamais vraiment mis sur un piédestal pour remplir mon portefeuille. Je me suis toujours dit que ma personnalité, c’était assez payant pour offrir un bon service.

Sensible et fragile, c’est la relation que j’entretenais avec vous. Au sens propre, comme au sens figuré. Entre amour et haine, en ce qui concerne mon image corporelle, j’ai eu beaucoup de difficultés à accepter mes gros seins, en nom commun « mes grosses boules ». Je crois que c’est comme la femme aux cheveux frisés…qui désire les cheveux lissés. De gros seins viennent avec un certain poids, mes épaules ont eu tendance à se recourber vers l’intérieur.

Après avoir joué au Yoyo, entre prise et perte de poids, 2 grossesses… Balançant entre C et DD, le temps d’accalmie, de stabilité des dernières années m’ont permis d’apprendre à vous aimer et ce, même si votre gravité a changé au fil des années. Malgré que le test du crayon n’obtienne plus sa note de passage, j’étais fière de vous et de votre beauté.

Je tiens à vous remercier d’avoir nourri mes 2 amours pendant leurs premiers mois de vie. J’avoue que c’était beaucoup + pour le sens pratico-pratique que par plaisir fusionnel. Vous vous êtes retrouvés pratiquement plus imposants que la tête de mes bébés d’amours… Et le fait de sentir votre trop-plein au moment de dormir ou encore de faire l’amour me faisait éprouver un certain malaise.

Que dire de la relation de fusion que vous avez entretenue avec mon mari. En 16 ans, vous l’avez fait loucher + d’une fois. Ils ont fait de l’excellent travail pour la séduction. L’excitation. Ces jours-ci, après le choc vient l’acceptation pour moi. Pour lui, en mentionnant que sa blonde va prendre un coup de jeune avec sa nouvelle poitrine. 

On a pris le temps de vous admirer durant nos vacances. Me mettre en maillot de bain, avoir mes seins aux premières loges tout au long de la journée et me dire que c’est peut-être leur dernier voyage au look naturel, j’avais le motton.

Je me suis aperçue de votre fragilité en étant celle d’à côté qui porte également le gêne BRCA2. En pratiquement 4 ans, vous m’avez tourmentée l’esprit, mouvementée mes nuits. Chaque micromalaise me transportait dans le doute. Et si… Ce qui m’a apporté à prendre cette décision difficile, de vous transformer pour la suite de mon histoire. J’espère que vous acceptez ma décision de sortir de votre maison. Ensemble, nous poursuivrons ce processus de prévention pour ma santé physique et mentale.

À vous que j’ai aimés, pour vous remercier d’avoir fait partie de ma vie, comme dans Watatatow, je vous offre le trophée du tonton d’or. Faut bien une petite touche d’humour…

ME, en mode acceptation de sa première intervention réussie –  la mastopexie

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