Le temps s’écoule tout comme mes larmes ; une harmonie destructrice lorsque la souffrance est vécue dans le silence. Je croyais qu’en prétendant d’oublier que le mal disparaitrait à un moment donné. Je me sentais sale. Si sale que le besoin envahissant de me laver à cinq reprises s’emparait de moi, m’empêchant de fonctionner. Frotte, frotte et frotte encore. Et si je frotte plus fort, est-ce que les images dans ma tête vont disparaitre ? Jamais je n’aurais cru pouvoir être victime de viol. Ça arrive juste aux autres, pas vrais ? J’avais tort.
Je n’ai aucun mot. Je veux crier, mais j’en suis incapable. Je suis muette de peur et de dégout. Le silence s’est emparé de moi. Une rage, un immense feu, un ouragan d’émotions virevoltent dans mon esprit ; pourquoi moi ?
J’ai dû chercher de l’aide, sans cela, je ne serais plus ici. Je n’étais pas prête à dire mon histoire, l’horreur beaucoup trop commune de nos jours dont j’ai vécu. Je savais une chose ; je voulais qu’aucune autre personne ne soit victime de viol. J’ai trouvé la force à m’évader du silence grâce à un souvenir de mon enfance portant sur ma sage grand-mère. Elle m’avait dit : « Ce que tu fuis te suit. Ce que tu fais face, s’efface. » D’ailleurs, après une période de temps de guérison, j’ai eu la force de dénoncer. Pour moi, dénoncer était ma façon de combattre le silence parce que le silence chez les victimes de viols est beaucoup trop fréquent. Le silence est une couverture invisible qui donne ce faux sentiment de « sécurité » et la victime, n’ayant aucun sentiment de sécurité ou de stabilité en elle, se cache et hiberne sous celle-ci. Malheureusement, la couverture n’est pas une protection imperméable et indestructible face à l’ouragan qui accompagne le traumatisme du viol. Je crois qu’il est primordial d’avoir une conversation ouverte dans notre société d’aujourd’hui et dans les écoles afin de prévenir le viol et de rendre les services d’aides plus accessibles et connus par tous.
Marika Stella
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